mardi 30 août 2016

Compte Rendu - l'Echappée Belledonne 2016

http://www.lechappeebelledonne.com/
144km, 11000mD+,  459 partants, 159 arrivants.
Temps: chaud et beau


 Un Trail Majestueux, un Coureur un Peu Court

Je vais commencer par couper court à tout suspens, non je ne suis pas finisher. J'ai arrêté à Supercollet, au km 97, après 8000m de dénivelés. Impossible de mettre un pied devant l'autre sans être complétement essoufflé. Sur du plat, j'aurais continué certainement, mais l'étape suivante faisait 16km et 1400m de dénivelé positif. Sur les 459 partant, je suis tout de même "classé" 161ème, pour dire le nombre d'abandons dans les ravitaillements précédents.

Mais qu'est-ce que le chemin pour arriver là était super! Et que d'erreurs j'ai pu faire. Une distance, un D+ et une nuit à passer pour la première fois, ça faisait beaucoup d'inconnues.



L'avant course

 

Comme prévu, j'ai profité des vacances pour courir en Ardèche pour les chemins techniques, puis dans les Ecrins pour l'altitude avant de couper une semaine. Ces deux semaines de course se sont très bien passées, avec deux sorties plutôt longues (70 km / 2000m D+ en Ardèche et 38km/ 2800m D+ dans les Ecrins) entrecoupées de petits footings d'une heure ou deux et de randonnées.

Par contre, la semaine de repos n'était pas idéale. Je n'ai pas réussi à sortir du rythme "vacance" pour l'alimentation, et je sautais encore des repas 3 jours avant la course. Heureusement je m'en suis rendu compte, et j'ai repris un rythme de 3 repas copieux, mais je suis parti en me sentant moins plein que d'habitude, et avec aucune prise de poids.

Une chose que j'ai bien faite, c'est de me racheter des chaussures la semaine avant les Ecrins. Les Sense Ultra que j'avais étaient un peu trop serrées au niveau du petit orteil, et j'ai donc pris la taille au dessus avec succès.

Je suis allé récupérer mon dossard au plus tôt le Jeudi, pour finir de préparer mes sacs rapidement, quand les magasins sont encore ouverts au besoin. Evidemment, tous les trailers avaient eu la même idée, et c'était un peu la cohue!

Il était ensuite temps de préparer le sac de course. Rien de très original: équipement obligatoire (cuissard long, veste, sous couche, bandages...), eau et nourriture (Poudre sucrée/salée pour l'eau, saucisson maigre, mélange amande / cranberries, barres et pâtes de fruits)

Pour ces course, l'organisation nous trimballe un sac d'allégement, que l'on peut utiliser à deux ravitaillements: Le Pleynet et Super Collet. J'ai fait le pari de le remplir bien: deux tenues de rechange, chaussures, deux salades de riz et de quoi me remplir le sac de course en ravitaillement. Le sac (type sac de riz 20 kilos) était plein à craquer. Ça me rassurait avant le départ. Je n'aurais aucun soutient aux ravitaillement, donc il fallait bien tout emporter!

Niveau habillement, je suis parti sur: Chaussures Sense Ultra, Chaussettes BV sport, jambières BV Sport, Short Kalenji, T shirt Salomon, casquette légère. Et pas de bâtons. Plus par manque de connaissance que par fierté, je n'ai pu entrainer mon équilibre que sans bâton, et sur ce type de terrain je ne voulais pas prendre de risque de chute.

Pas trop le temps de potasser le parcours, je pensais garder un bon rythme, et que les kilomètres finiraient bien par passer de toute façon.

Du Départ jusqu'au Refuge Jean Collet: 39,2km, 7h50

 

 J'arrive au départ avec un peu plus de 40 min d'avance. Je peux garer la  voiture à Vizille dans un parking de la ville. Parfait: elle pourra y rester jusque dimanche. A 5h20, je change de chaussures et je vais sur la ligne de départ. Petit déjeuner servi, je mange du quatre quart pour bien me caler. Le temps passe plus vite que d'habitude j'ai l'impression. Vérification du téléphone portable, envoi d'un message pour dire que tout va bien, et c'est parti à 6h00. Les deux premiers ravitos vers le foyer du fond de l'Arselle et le refuge de la Pra sont bien roulants. Il fait un peu chaud, mais pas de surchauffe en buvant bien. Je remplis ma poche d'eau pure par contre, ayant plus besoin de me rafraichir que de sucre. Déjà, certains poussent trop, et ça s'entend. Je prends un rythme qui me va bien, sans forcer sur les jambes. Je croise tout le temps les même personnes, ce qui me rassure, je ne vais ni trop vite ni trop lentement. Avant le foyer, profitant des derniers moments de forêts, je revis un peu cette scène des Monty Python

Ça me fait rire. Du coup je ne suis plus très concentré, et m'étends dans l'herbe 200m plus loin, surpris par un caillou caché. Sans gravité, mais ça m'apprendra! A partir du refuge de la Pra, changement de décors. On est vraiment à plus de 2000m, et on va s'attaquer au point culminant. Une pente sèche jusque 3000m. Je reste bien à mon rythme, et je me fais légèrement doubler au début mais ça ne dure pas. Je me trompe 20 mètres de chemin, suffisamment pour surprendre des petites marmottes à l'abri de l'agitation derrière un rocher. Le groupe est encore compact à ce stade, du coup je double des personnes en descente. Je m'amuse vraiment sur les cailloux, et même si on ne va pas vite, ça change du bois de Vincennes! Au final, je ne vois vraiment pas passer ces 8 heures, et j'arrive au refuge Jean Collet très content de ma progression. J'ai passé ces trois ravitaillements rapidement, et au final je n'ai pas tant mangé que ça. Je n'avais pas faim, mais ça aurait peut être valu la peine de se forcer un peu. Surtout que je n'avais aucun problème gastrique. Niveau jambes, la fraicheur est là, aucune douleur ni gène.


De Jean Collet à Habert d'Aiguebelle: 9km, 712m D+, de 7h50 à 10h20 de course

C'est là que j'ai compris ce que c'était l’Échappée Belle. Et encore, c'était pas très dur. Mais ça n'arrête pas de monter et descendre. Pour repartir de Jean Collet, Des lacets serrés nous amènent sur un pierrier, de nouveau. Je commence à faire très attention au rythme que je prends. Surtout, ne pas forcer, la route est encore longue. L'altitude commence à me peser aussi. A plus de 2000m, c'est de plus en plus long de reprendre son souffle. Je gère quand même bien cette partie, mais je ne fais pas le malin. On n'a pas encore fait la moitié. Je bois toujours bien, mais je mange peu. Mon stock de saucisson est quasiment intact, j'ai juste pris  une pâte de fruits. Sur ce rythme, j'ai l'impression de ne jamais avoir faim. Ca m'était arrivé lors de mes sorties longues les semaines précédentes. Je ne mangeais qu'au bout de 7 heures de course un sandwich. Donc je pensais que ça marcherait comme ça. A Habert d'Aiguebelle, je prends une délicieuse soupe de pois. Je me retiens d'en prendre une deuxième, n'ayant jamais essayé de manger ça en course. Il faut bien se reposer ici, l'intervalle suivant est très long et commence très dur. Donc je prends vraiment mon temps.


De Habert d'Aiguebelle au Pleynet: 17km, +1158m, de 16h20 à 21h25

 Là, là, c'était fou. Juste avant la base de vie. Je m'en étais sorti avec moins de 11 heures au compteur, et j'espérais vraiment être à la base avant la nuit. Un ami m'avait prévenu du rajout du col de l'Aigleton avant le col de la Vache. Il ne m'avait pas dit que c'était l'un des coins les plus raides du parcours. Sans batons, une seule solution, s'aider de ses mains pour agripper les rochers. Même pas besoin de se pencher la plupart du temps. Je ne vais pas vite du tout. Je n'ai pas trop d'énergie, et ça commence à m'inquiéter. Mais je me dis que ce n'est pas un sprint. Du calme. Au sommet de l'Aigleton, la bonne surprise. Alors que je me signale d'un ferme "Bonjour, cent quatre-vingt dix-sept", le signaleur me réponds: "Ha, on m'a parlé de toi!". Pfiou, ça fait du bien de papoter. Le décors magnifique, des conseils, des encouragements, et ça va mieux. Oui je vais aller au bout, je me dis. Mais la distance est encore longue jusqu'au Pleynet. On a fait à peine un ou deux kilomètres depuis le ravitaillement.

Ça enchaine sur une petite descente. Je prends de l'eau au torrent, comme conseillé. C'est frais, il fait beau. On discute avec d'autres trailers et on continue. C'est pas trop dur, on suit le torrent. Puis on en traverse un autre, et ça remonte déjà. Au début, c'était plutôt doux comme montée. Je ne vais pas trop vite et mange une barre. On attaque le col de la Vache. Je ne vois toujours pas pourquoi on lui a donné ce nom. Vus les cailloux,  l'altitude, l'absence de prairie, soit c'est un terme géologique local, soit une vache, éprise d'amour pour un bouquetin, a décidé de faire un pic nique toute seule là haut, à la grande surprise de son propriétaire.

Mais la forme revient bien dans ce col. Une très bonne surprise. Je fais ma montée, en sautillant entre les cailloux, en m'agrippant comme je peux avec les mains, et j'arrive au sommet plus vite que prévu. Et plus vite que les autres! Je me retrouve seul au col, avec des randonneurs qui doivent bien voir le spectacle des trailers qui s’arrêtent dormir quelques instants, allongés sur les plus gros rochers. J'entame donc le long chemin qu'il me reste (encore 11km!) vers le Pleynet. Je passe la bascule du col, bien raide, et arrive sur un pierrier. Et là, un bouquetin! en plein milieu du chemin! Je m'avance tout doucement, avec ses cornes énormes je n'avais pas envie qu'il se rende compte qu'il était plus fort et faisait à peu près le même poids que moi! Il s'écarta du chemin, et j'ai pu continuer. La rencontre fut sublime.

Bon, c'est parti pour 3 / 4 heures de galère. J'arrive sur les lacs des 7 Laux. C'est roulant, mais je suis absolument seul. Je n'ai pas trop la motivation d'aller vite. Je me concentre donc sur de la récupération. Je mange un peu quand même et avance sans vraiment courir. Je croise une famille de signaleurs (incroyable cette ambiance et cet engouement!), encore 8 km. Puis on arrive à un refuge, avec un point d'eau et un secouriste. Je fais le plein, je parle un peu. On va attaquer une descente, mais après il y aura encore 5km de petites montées et descentes.

Ces 5 km se font quasiment tous avec une vue sur la base de vie! qu'est-ce que c'est sadique! Heureusement, je me suis fait rattraper dans la descente, et je fais cette partie accompagné. On sort les lampes frontales, je ne m'étais pas rendu compte à l'inscription qu'on serait aussi tard dans l'été. La dernière descente est super roulante. Enfin. Deux kilomètres de pure course, assez rapide. Je rattrape d'ailleurs la deuxième féminine, et arrive avec une petite minute d'avance sur elle au Pleynet.


L'arrêt au Pleynet: 1h10

Autant être clair, rien ne s'est passé comme prévu. C'était horrible. Une agitation constante. La coureuse se fait interviewer juste à côté de moi, des paroles qui n'ont pas beaucoup de sens pour un néophyte "gérer la nuit", "garder le rythme", "contente d'être à cette place". Impossible de se concentrer sur soi. Je mange un peu et me mets à grelotter. Vite je vais chercher mon sac pour me changer. Cette nuit ce sera manchette et chaussettes propres. Et là, l'horreur. Rien n'est rangé dans le sac. L'espace pour se changer que je choisis n'est pas pratique, le banc instable et il y a du monde. Je fais tout dans le désordre. Résultat, quasiment 30min pour changer de vêtements. Je suis fatigué, et je commence à ne plus trop me rendre compte de ce qui se passe. Je mets une temps fou à ranger mon sac. Manger copieusement ne me dit rien. Je laisse filer le temps sans m'en apercevoir.  Je picore au ravitaillement, mais je suis loin d'un vrai repas. J'oublie d'aller aux toilettes. Je ne dors pas. Malgré tout, après 1h10 je me sens bien. Je décide donc de repartir.


 Du Pleynet à Gleyzin, et dans la bergerie: 15,4km, 1054m D+, de 22h30 à 3h20

 

Ça y est, c'est ma première nuit de trail qui commence. Et ça va plutôt très bien! On démarre avec une descente très roulante. Je marche avec un concurrent le temps de digérer, puis quand on se fait doubler, je décide de prendre le rythme de la personne devant. On court bien jusqu'au pied de la montée. Je me sens plutôt très bien à ce moment. Une heure de pause, forcément ça aide quand même un peu. J'attaque la montée en bonne forme, en plus c'est en forêt! Un terrain dans lequel j'ai beaucoup plus l'habitude d'évoluer!

Malheureusement, à environ 100m de D+ du premier chalet, la fatigue me rattrape violemment. Impossible d'avancer, le champ de vision réduit au strict minimum, et des douleurs dans le ventre. Je m'arrête donc en bord du chemin pour manger un peu et essayer de dormir, même si ce n'est pas confortable. Assis sur mon caillou je ferme les yeux. Je n'arrive pas vraiment à dormir, il fait trop froid. On me parle d'un petit chalet plus haut, et ça me parait être une bonne idée. Je récupère un peu et repars. Et puis je passe devant le chalet et ça va! je suis pas si mal en fait! En plus, à Gleyzin il y a des lits et un dortoir bien abrité à basse altitude. Je vais donc pousser.

Mais à peine passé le chalet de 5/10 minutes, ça recommence. Un peu moins fort. Donc je me repose un tout petit peu et repars. Et puis ça recommence. Là je sors mon coupe vent et mon road book, mets mon sac sous la tête et on trouve un coin pour m'allonger. Je prends confiance, plus trop de dénivelé. J'aurais du réviser. Je regarde les étoiles. C'est sublime. Mais très vite je sens que ce n'est pas l'idéal pour récupérer. Trop froid, trop penché et trop d'agitation avec les coureurs qui passent. Je reste presque 10 minutes et ça suffira. Mon champ de vision est suffisamment large pour entamer la descente, et ma lucidité retrouvée me permet de mettre ma frontale à fond et non plus en économie... Houla, la nuit c'est dur, et surtout impossible à préparer. Je comprends là que j'apprends, mais que finir va être compliqué, très compliqué.

A la bascule vers la descente, j'échange deux mots avec un coureur. On s'assoit un peu. Il veut dormir, je veux dormir. On fait un pacte, on dort ensemble 20 minutes à Gleyzin. Motivé, j'arrive quelques minutes après lui. Bien sur au début je ne parle pas à la bonne personne, mais heureusement il me rattrape au moment où je vais dans le dortoir. Mode zombie activé. On se fixe 20 minutes. Une bénévole super sympa s'occupe des réveils. Je m'endors rapidement, les pensées et les rêves sont d'une inconsistance rares. Il n'arrive pas à dormir, et on se met d'accord pour 15 minutes de plus. Je me réveille en pleine forme! Petit déj avec thé, quatre quart, abondance. Ha oui, le thé. Je me lève et là, étoiles et besoin de courir aux toilettes! J'y vais, et heureusement tout passe, et par le bon côté. On va pouvoir attaquer le col du Morétan.

De Gleyzin à Périoule: 9,8km, de 4h40 à 8h30, 1400m D+

Le Morétan c'est LE gros morceau de la nuit. C'est aussi une des montées les plus dures de toute la course, qui arrive après près de 90km. Bref, pas facile. Mais là, on a bien dormi, pas trop mal mangé et donc on repart confiant. Je ne vais pas vite, mais hors de question de s'arrêter complétement au milieu du chemin comme avant Gleyzin. Je suis mon acolyte, et on parle bien. On arrive au chalet de mi-montée et on peut imaginer le col entre deux pics, dans l'aurore. Magnifique. Motivés, on repart et c'est une montée comme j'aime, comme le col de la Vache. Technique, des rochers, des pentes extrêmement raides. Je profite mais je ne vais pas bien vite, je le sais. L'altitude refait des siennes, et je suis essoufflé trop rapidement.

Arrivés en haut, le spectacle est magnifique. Le jour se lève, on discute bien avec les bénévoles. La montagne va nous permettre de rester encore un peu à l'ombre. Pas de folies par contre. On tient la corde toute la descente technique. Le névé est encore gelé de la nuit, et les cailloux bien instables. On retrouve aussi un autre trailer et on fait donc la descente à trois jusqu'au ravitaillement.

Et quel ravitaillement! Pas particulièrement pour la nourriture, non, mais dans un décor sublime. Au milieu d'une immense prairie, entourée de montagnes majestueuses, une petite tente nous attend. Les bénévoles sont d'une gentillesse et d'une utilité à toute épreuve. Ayant peur de l'insolation avant le prochain ravito, ils me donnent un peu de crème solaire. Ça ne les choque pas quand je leur dis que je suis originaire des Vosges. L'étape qui nous attend je le sais n'est pas la plus difficile. Mais je sais aussi que si je n'arrive pas à la passer, ou de justesse, il faudra se poser de bonnes questions à Super Collet.


De Périoule à Super Collet, de 8h30 à 11h30, 9.7km, 630m D+

On attaque avec un parcours assez roulant. On reste groupés à deux. Même si je pourrais aller un peu plus vite sur le roulant, je sais qu'il faut que je garde de l'énergie. On redescends dans une forêt de basse altitude, et on commence à entamer la montée. C'est facile, c'est un chemin tout droit dans la pente! Je commence à un bon rythme, et assez frais. Je monte pas très vite, mais suffisamment pour doubler une ou deux personnes. Je laisse partir devant mon soutien, beaucoup plus à l'aise que moi en montée.

Le chemin devient vraiment roots. On est dans un ruisseau, on sent que peu de monde l'emprunte en temps normal, la végétation recouvre la trace. Mais ça, j'ai l'habitude, alors je ne m'en fais pas trop. La raideur du début se relâche un peu, et malheureusement je me sens toujours de moins en moins bien. Je ne trouve plus de rythme, et au moindre pas j'ai l'impression d'être à fond. Mon eau, dans laquelle j'ai rajouté de la poudre, a un goût de sel, et c'est tout. Je me traine. de nouveau, je me fais rattraper. Chaque pas devient difficile. Chaque remontée est compliquée. Je suis essoufflé en permanence.  Enfin, deux kilomètres de descente vers le ravito. Ma technique me permet de courir sans forcer dans ces conditions, et j'en profite à fond.

J'arrive à Super Collet, mais je pense bien que c'est la fin. J'essaie de garder un peu d'espoir et fonce vers le ravitaillement. Ça va aller. Mais non, tout me parait dégueulasse. Rien ne me fait envie. Je m'assois, et j'annonce que je ne vais pas repartir tout de suite, voire pas du tout, à mon accompagnateur du Morétan. Pfiou, quelle émotion, c'est dur. Je prends presque la décision, et commence à organiser mon rapatriement. Mais j'ai du temps, et mes intermédiaires ne sont pas nuls malgré le calvaire. Je vais donc faire une sieste dans la prairie pour reprendre mes esprits.

40 minutes de repos dont 20 bonnes de sommeil profond, je me lève. Difficilement, trop difficilement. Là c'est bon, c'est la fin. Je rends mon dossard, et les organisateurs savent ne pas pousser quand il ne faut pas. Le prochain ravitaillement se trouvait à 16km et 1400m de D+, bien trop pour mon organisme à ce moment. Une entrée dans l'iPhone et c'est officiel, je n'ai plus qu'a attendre le bus, trimballant mon sac d'allégement beaucoup trop lourd. Une nuit et une base de vie trop mal gérées auront eu raison de toute ma bonne volonté.


Epilogue

Dans le bus vers Allevard puis dans la voiture, mon état ne s’améliorait pas rapidement du tout. A chaque occasion, je m'endormais. Couché à 20 heures, j'ai fait une nuit profonde et complète. Le lendemain matin, je comprends ce qui n'allait pas au niveau du goût: impossible de sentir le sucré! Tout est fade, le Nutella sent la mauvaise huile vaguement chocolatée, les yaourts au fruit ont juste un arrière goût de fraise. L'odorat va bien, le thé est bon. Mais le sucré, rien. Heureusement, c'est revenu assez vite dans la journée.

Plus je repense à la course, et plus je me dis que j'ai surtout énormément sous-estimé mon manque de lucidité. Pour la prochaine fois, je me fais une check list pour les bases de vie et je me force à manger un repas copieux, voire à dormir. Je prends aussi un vrai plan de course, avec le profil détaillé et les difficultés entre chaque ravitaillement. Je ne me rappelais que du début quand je suis parti, et j'aurais peut être mieux passé la montée vers Super Collet si j'avais su qu'après c'était encore super dur. Et puis j'aurais pas arrêté de manger. 1000m de D+, ça prend toujours la même énergie, et il faut bien la rentrer d'une manière ou d'une autre!

Pendant la récupération, l'étape finale ne m'a parut faisable qu'à partir de dimanche matin, et j'avais déjà pris deux bons repas copieux. Autant dire que je ne regrette pas du coup.

Mais musculairement, tout était super. Je m'éclate vraiment en descente et dans les cailloux, et ne pas prendre de bâtons me permet de vraiment m'amuser à crapahuter et me faufiler partout. Ça me fait perdre du temps sur les montées roulantes, donc je vais peut-être essayer l'an prochain, mais pour moi le plus important reste d'être maitre de son équilibre.

Je me suis bien éclaté pendant ces 97km et 8000m de D+, la prochaine fois, je ferais un vrai ultra complet, avant de faire plus, qui sait...







lundi 22 août 2016

Dernière Ligne Droite

Enfin l’Échappée Belle se profile

L'objectif principal de ma saison est ma première participation à un vrai ultra: 11000 mètres de D+, 144 Km.
Pour la première fois, ce sera nuit à la belle étoile et course de plus de 24 heures.
Ma préparation s'est passée plutôt comme prévue. Après un dernier trail long fini en bonne forme, et un enchainement sur un petit trail court dans le foulée me rassurant sur ma force, Juillet et Aout ont été tournés vers la recherche de fraicheur physique.
Les intensités ont été plus faibles, les sorties plus orientées plaisir et découverte. J'ai pu découvrir la base de trail de Bures sur Yvette, et surtout aller en Ardèche sur les petits sentiers près des gorges.
Avant de couper une semaine, comme j'aime bien faire pour la fraicheur mentale pour le jour J, je suis aussi allé courir dans les Ecrins pour me rassurer sur l'altitude. Sans problème les cols à 2500m!

Ma grande progression cette année a vraiment été sur la durée d'efforts que je tiens. Je peux maintenant enchainer des sorties longues, avec du dénivelé, sans soucis. Je peux faire 7 heures de vélo ou de trail dans la montagne sans rien manger de consistent. Et repartir à chaud après un sandwich au pâté! Je me sens tellement à l'aise seul dans la montagne, avec mes jambes pour avancer et un peu d'eau sur le dos...

Maintenant, je vais juste commencer la course avec un seul objectif: m'amuser! Tant pis si je me grille sur certaines parties ou perds des place pour regarder le paysage, je vais tout faire pour que ce soient 40 heures de liberté.