samedi 12 novembre 2016

Retour d'Expérience: Ma Transition sur l'Avant du Pied


La foulée est fondamentale à la course. C'est elle qui nous permet de transformer l'énergie des cuisses et des mollets pour nous propulser vers l'avant. Si on active ces muscles les jambes tendues, rien ne se passe, on les tend mais on ne bouge pas. Il faut donc plier les articulations d'une certaine manière, et donc trouver une foulée qui nous permet d'avancer. Heureusement, le corps est bien fait, comme le prouve cette illustration du fonctionnement de la rotule:

Il faut donc positionner son corps de manière efficace à chaque pas, mais la théorie veut que nous aillons la physiologie pour.

Malgré tout, quand on commence la course, on n'est pas très bon. On se rend compte qu'on n'a jamais fait ces mouvements répétés autant de fois. Ça fait mal. Mais surtout on sent bien qu'on ne fait pas les même gestes que ce que l'on voit à la télé. C'est moins fluide, on va moins vite. Notre foulée n'est pas celle que l'on espérait.
On n'a pas non plus des années de courses derrière nous, alors on utilise les muscles que l'on a déjà, les muscles de la marche en particulier. Et au final, on avance bien!

Pourquoi je m'y suis intéressé 

 

Pour ma part, j'étais un cyclotouriste moyen avant de me mettre à la course. Donc un cycliste avec une bonne endurance (sorties de 120 à 200 km) et un peu de puissance, de quoi essayer de faire craquer les copains sur les petites bosses. Mais le vélo c'est long, de se préparer, d'entretien, et même les sorties! Donc on n'en fait que les weekends. En Mai 2011 je me mets à la course à pieds, plus accessible.
Point de départ: des grosses cuisses qui ne marchent qu'en contraction avec le mouvement, et jamais contre le mouvement. Des mollets puissants mais pas très vifs, et une souplesse en dessous de tout.
Par contre en randonnée, je pouvais y aller franco. Ma foulée naturelle était donc assez proche de la marche. Une attaque talon, des jambes très pliées, et peu de temps sans contact au sol. Ça ne me posait pas de problème particulier. Après les quelques courbatures du début (plutôt faibles à ma grande surprise), j'ai pu commencer à courir régulièrement. Je faisais bien attention à toujours être en mesure d'amortir l'attaque du talon les genoux un peu pliés. C'était fatiguant, mais loin d'être un effort surhumain pour moi.

Le gros point qui n'allait pas, c'était la vitesse. J'ai progressé un peu au début, bien sûr, mais j'avais l'impression que pour gagner le moindre km/h, il fallait que je fasse un effort incroyable. Que j'allonge la jambe vers l'avant toujours plus loin. Et plus j'allais vite, et moins c'était agréable. C'est là que je me suis dit qu'il fallait changer quelque chose.

Premier Contact avec POSE

 

Grâce à la magie d'internet, un ami a posté une vidéo sur son mur Facebook qui montrait et décomposait la foulée d'un élite kényan, ainsi que d'amateurs doués. On est en Juillet 2012. Je ne vous montrerais pas de vidéo, car dans un autre post de blog, je montrerais que ce n'est pas la solution miracle. Mais le principe est que plutôt que de poser le talon du pied en premier, comme lors de la marche, il faut poser l'avant du pied en premier! Le tout sous le centre de gravité de préférence, avec un temps de contact au sol le plus faible possible, et une fréquence de pas très rapide. Tout l'inverse qu'une attaque talon à l'avant du corps!

Autant être clair, après ma première sortie, un tour de 6 km que j'avais l'habitude de faire, je n'ai pas pu marcher pendant 3 jours à cause des courbatures. C'était violent. Mais dès les premiers pas, j'ai compris l'intérêt. Plutôt de n'utiliser que le genou et les cuisses, on fait transiter l'énergie par les métatarses, le tendon d'Achille et les mollets.

Comme j'avais bon fond, et que je savais que je me musclais rapidement avec l'entrainement, j'ai persévéré. Je sentais que je pourrais potentiellement aller plus vite qu'avec une attaque talon, et surtout être plus efficace en me blessant moins.

Les Déceptions Initiales

 

Si les sorties courtes se passaient bien, pour les longues distances c'était une autre histoire. J'étais pris de crampes ou de douleurs aux mollets dès l'heure de course passée. Si je forçais un peu, je me retrouvais à marcher en manchot pour les prochains jours. Donc plutôt que ça arrive, je mélangeais les deux types de foulées en fonction de mon état de fatigue.

Mais malgré 3 ans d'entrainement avec plus de 3 sorties par semaine en moyenne, je n'arrivais toujours pas à maitriser les effets secondaires au niveau des mollets. J'ai abandonné mon premier trail long (50 km), après que mes deux jambes crampent au 30ème km. Et c'était deux ans après avoir commencé la nouvelle foulée. Je me suis blessé aux mollets aussi, en Octobre 2015 à ressentir une gêne pendant 3 mois.

Je m'amusais beaucoup plus qu'avec mon autre type de foulée, et je progressais de manière beaucoup plus constante. Je n'arrivais plus à me dire qu'une attaque talon était saine et même faisable. Mais sans objectif précis, je ne pense pas que j'aurais tenu tout ce temps de rééducation.

Une dernière touche m'a permis de commencer à me porter sur de vraiment longues distances, c'est l'ajout des jambières de compression. Je pense que quelques unes de mes difficultés étaient aussi liées à un retour veineux un peu fainéant dans les mollets, et les manchons m'ont bien aidés. C'est à partir de ce moment que j'ai compris que j'avais vraiment bien fait.

Les Résultats


Mon premier résultat flagrant a eu lieu il y a deux ans, avec une participation réussie à l'éco trail de Paris en Mars 2015. Sans douleur, en m'amusant, en parlant même jusque tard dans la course. 80 km tenus en utilisant en permanence le système pied/mollet/cuisses pour amortir les pas. Et surtout le tendon d'Achille pour jouer le rôle d'élastique. Puis, pour valider le potentiel de cette foulée, le marathon de Bruxelles début Octobre 2015 réalisé en 3h05, avec un positive split de plus de 10 min (c'est pas bien, mais en gérant mieux j'aurais peut être pu faire moins de 3heures!)

Tout au long du chemin, j'ai aussi bien plus ressenti mon corps, et amélioré ma souplesse. Cette foulée est extrêmement dynamique, et peut s'adapter à tous types de terrains. Cela débride nos articulations, et fait travailler les muscles adducteurs et abducteurs en permanence, pour nous aider à toujours garder la trajectoire. Mon équilibre est aussi bien meilleur, et je le ressens même sur le vélo (alors que je n'en fais presque plus!)

Enfin, pour couronner le tout mon expérience dans l'Echappée Belledonne a été formidable grâce aussi à cela. De savoir poser le pied automatiquement sur les rochers permet d’éviter les abrasions trop fortes. Pour couronner le tout, je n'ai jamais eu de problème pour courir en descente. La preuve: j'ai couru sur Super Collet, lieu de mon abandon. Le manque de jus ne m'empêche plus d'effectuer ce geste de course, tellement plus efficace dans les descentes que la marche. Sans parler de la fin de l'effet de claquage de l'avant du pied dans les descentes, qui fait vibrer des orteils au talon de manière désagréable!  Bien sûr, monter 1000m, quelle que soit la technique, la gravité fait son travail. Mais pour le reste, avancer m'est devenu quasiment gratuit.

La contrainte est que tant que je ne marcherais pas sur la pointe des pieds, il faudra que je m'entraine avec une très grande régularité pour conserver ces avantages. Et ça, je ne pense pas que ce soit envisageable par tout le monde.

N'hésitez pas à commenter si vous avez des questions, ou des remarques sur ce que j'écris!









mardi 1 novembre 2016

Petit Glossaire Anatomique Français / Anglais pour le Coureur

Je me suis plongé récemment dans des articles scientifiques liés à la course à pied. Afin de les comprendre, il a fallu que je fasse quelques recherches. Je vous propose donc un petit tour de ce que j'ai appris. Je commence par l'anglais quand c'est juste de la traduction, le français quand c'est surtout une explication

Traduction Rapide de Termes Courants

 

On tombe facilement sur ces termes, même dans des discussions internet.

Joints: Les Articulations
Calf: Le Mollet. Les muscles de l'arrière du mollet sont le gastrocnémien (le ventre de la jambe, le plus gros et avec deux lobbes ou corps bien définis) et le soléaire. En gros le gastrocnémien sert pour sauter et courir, et le soléaire pour marcher et quand le genou est très plié.
Shin / Shank: le devant du mollet (un nom du tibia est shinbone)
Hip: La hanche
Pelvis: Pelvis ou Bassin
Thigh: la Cuisse
Glutes / gluteal muscles: Fessiers, en particulier les trois muscles qui les composent
Hamstrings: Ischio-Jambiers, muscles de l'arrière de la cuisse: le biceps fémoral, le semi membraneux et le semi tendineux
Heel: Talon

Muculoskeletal : Musculo-Squelettique ( qui touche un ou des muscles, ou un ou des os)
Fascias / Aponeurosis : Fascias ou Aponévroses:
Ce sont des tissus résistants et élastiques qui entourent les muscles et les tendons. On connait surtout son rôle dans le cadre du pied. En effet c'est lui qui lui permet de rester vouté. De ce que j'ai compris, il peut aussi avoir un rôle actif (se tendre et détendre) et permet aussi de ressentir la position de nos membres. Dans "Natural Born Heroes", Mc Dougall nous explique qu'ils suppléent les muscles en mode "automatique". Je n'ai pas encore lu sur le sujet ailleurs.

Quelques termes liés à la course

 

Gait : La Foulée ou la démarche, selon que l'on court ou marche
Shod : Chaussé. To shoe est le verbe chausser en anglais, et son participe passé est irrégulier.
Barefoot: Pieds nus
Sole : semelle
Midsole: Centre de la semelle entre la partie qui touche le pied et celle qui touche le sol.
Rearfoot : Postérieur du pied (vers le talon)
Forefoot : Partie antérieure du pied (vers les orteils)
DOMS / Delayed Onset Muscle Soreness : Les Courbatures

Les termes de positionnement des muscles

 


https://fr.wikipedia.org/wiki/Syst%C3%A8me_de_r%C3%A9f%C3%A9rence_en_anatomie#/media/File:Anatomical_directions_(fr).svg

On trouve souvent ces termes, en particulier latéral et médial.
Médial (en anglais medial) signifie qui se rapproche du plan médian, plan coupant le corps de haut en bas et de l'avant vers l'arrière. Cela veut dire que la partie médiale d'un muscle est la partie la plus proche du plan médian, et non la partie centrale du muscle.
Latéral veut donc dire qui est éloigné du plan médian.


Les termes de mouvement 

 

L'adduction (adduction) est le mouvement qui permet de bouger les membres vers le plan médian
L'abduction est l'opposé

Inversion / Éversion et Pronation / Supination (inversion / eversion and pronation / supination)
Ce sont des termes liés, même si j'ai plus souvent vu inversion / éversion pour des tests statiques de souplesse du pied, et pronation / supination pour des positions de foulée en particulier en attaquant le sol.
https://en.wikipedia.org/wiki/Anatomical_terms_of_motion#/media/File:Eversion_and_inversion.jpg

See original image
http://www.jogging-plus.com/entrainement-course-a-pied/coureur-debutant/pronateur-neutre-supinateur/
Dorsiflexion et flexion plantaire (Dorsiflexion and plantar flexion). Les mouvements dorsaux et plantaires, comme illustrés par le premier schéma. Pour le pied:

Contractions excentriques (eccentric contractions): Contraction du muscle s'opposant au mouvement du membre. Typiquement utilisées pendant la course lors de l'attaque. A noter que toute énergie dissipée par les muscles de cette manière ne se retrouve pas sur les articulations.

 Des Parties du Corps d'Intérêt (avec des images)

 

On commence facile: le tibia (tibia)
Tibia - frontal view.png
https://en.wikipedia.org/wiki/Tibia#/media/File:Tibia_-_frontal_view.png
Les métatarses (maetatarsals)
File:Metatarsal bones01 - superior view.png
https://en.wikipedia.org/wiki/File:Metatarsal_bones01_-_superior_view.png

La rotule (patella)

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f0/Syndrome_rotulien_002.jpg

Le Tendon d'Achille (Achilles Heel)
Le tendon d'Achilles débute dans sa partie supérieure (proximale?) par la réunion des lames fibreuses des muscles du mollet. Il n'y a donc pas un point d'attache unique, qui pourrait être un point faible de rupture.

Achilles-tendon.jpg


Le calcanéus (calcaneus) : le plus gros os du talon. C'est un os très biscornu, qui permet à beaucoup de tendons de s'y attacher, en particulier le tendon d'Achille.


https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/d/d7/Calcaneus_Vue_sup%C3%A9rieure.png

Quelques Pathologies du Coureur

 

L'étiologie (aetiology) est l'ensemble de facteurs menant à une maladie ou une blessure.

Aponévrosite ou Fasciite Plantaire (Plantar fasciitis): Inflammation du fascia plantaire, utilisé par la flexion du pied lors de la course.

Syndrome Rotulien (Patellofemoral pain syndrome): Lorsque la rotule appuie sur le fémur de manière douloureuse.
File:PFPS.png


Syndrome de(s) Loge(s) (Compartment Syndrome): Augmentation de la pression sur le muscle qui empêche la circulation.