dimanche 24 septembre 2017

Infernal Trail 200K 2017

Enfin

Avant la course

Après deux trails de la vallée des lacs 90, réussis, et deux tentatives d'ultra, manquées (la première sur l’Échappée Belle, la seconde sur les Aventuriers, à cause d'un coup de chaud), j'avais les crocs.

Pas question de se planter. Déjà, ma mère, ma marraine ma tante et une amie étaient là pour m'accompagner sur les points importants du parcours.
Ensuite mentalement, j'ai beaucoup travaillé pour me préparer à un trail long, plus que dur. Mes estimations peuvent m’amener à trois nuits. La première est obligatoire, on part à minuit. La deuxième aussi, le premier arrive à 8 heures après 32 heures de course. Et la troisième est probable. 52 heures est mon estimation haute. 42 mon estimation basse.

Par contre, les semaines précédent la course n'ont pas été folles niveau sensation. Très, très en forme pour les aventuriers (j'étais encore 5 ème avec des bonnes jambes à la mi-course), je me suis un peu cramé deux semaines après sur un court que j'ai fini les jambes en feu. Là j'ai pensé que jamais je ne récupérerais. Donc à partir de mi Juin, je donne tout à l’entraînement. Arrive fin Juillet, j'ai une force comme jamais, le pic arrive trop tôt. Et là, deux semaines de déplacement fin Juillet et début Août avec l'alimentation aléatoire, les avions, et aucun entraînement possible. Ce n'aurait pas été horrible, si je n'avais pas contracté une petite infection à la gorge, qui m'a affaibli une semaine de plus. Arrivé à mi Août, je cumulais trois semaines vierges. Il en restait 4, trois d’entraînement et une de repos.
La première a été dure mentalement, les temps étaient mauvais et la vitesse me manquait.
La seconde, j'ai réussi à forcer pour retrouver des temps sur 30K acceptables. Mais les sensations après l’entraînement étaient moyennes, et la récupération encore lente.
La troisième semaine, je me rassure sur la caisse, mais hors de question de partir avec en tête les inters des Aventuriers. La messe est dite, ce sera un ultra long. Il n'y aura pas de raccourci à prendre, pas de sprint intempestifs pendant les 200 kilomètres. Il faudra rester sérieux jusqu'au bout. Quelque part ça me rassure, je me dis que ça va me forcer à prendre le temps, et à éviter les erreurs de l'an dernier. Et je planifie mon temps.
Prévu entre 42 et 52 heures, 8 heures de marge sur la barrière

Jour J

Le départ est donné la première minute de vendredi (enfin la troisième, après un bon feu d'artifice).
La météo n'est pas au top, surtout très fraîche, et de la pluie est prévue pour samedi. Elle devrait arriver dans la nuit, ce qui n'est pas réjouissant.
Mais en tête, j'ai l’enchaînement Markstein - Grand Ballon, grands classiques des Vosges, que l'on pourra faire au sec a priori. Enfin c'est quand même dans au moins 12 heures de course.

Dans le sac que je confie à mes suiveuses de choc, du chaud. Beaucoup de chaud. Une serviette et du change sec. Grand frileux, ce luxe me fera beaucoup de bien.
Niveau alimentation, je pars avec mon mélange classique maintenant: noix de cajou / amande / cranberries. Aussi du saucisson, même si le sel qu'il fournit est plus intéressant quand il fait bien chaud.
Quelques barres, en particulier les pâtes de dattes Decathlon, bien pratiques pour caler une petite faim, et des pâtes de fruit pour un petit boost d'énergie. Des barres de chocolat aussi, mais c'est juste pour gérer mon addiction au chocolat.
Pour l'hydratation, j'ai découvert les pastilles de sel Décathlon, et je trouve ça très bien. Le goût n'est pas trop salé, ça ne coupe pas l'appétit. Mais surtout l'effervescence évite les gros dépôts.

Pour courir, je pars avec mes Salomon Sense Ultra Soft Ground, qui bien qu'elles n'ont pas finies les Aventuriers m'ont donné entière satisfaction. J'ai passé à peu près tous mes hauts chauds/froids, donc je ne ferais pas la liste! Pas de bâtons.

L'heure approche, j'ai dormi 3 ou 4 heures dans la journée avant le départ, et l'envie est forte d'en découdre.

Minuit: Direction le Syndicat

 

Top, le départ est lancé. Ce moment est dur à décrire. Enfn, je cours de nouveau, ça faisait une semaine que je ne l'avais pas fait. Les premiers pas sont rassurants, comme toujours quand on part doucement. Le peloton traverse Saint Nabord, jusqu'au pont flottant. Des champs, du plat et hop, le premier coup de cul. Je prends un groupe que j'imagine autour de la 30/40 ème position, le rythme me va bien. Enfin, assez vite mes mollets me rappellent que ça fait un bout de temps que je n'avais pas fait de montée! Mais le terrain est plutôt sec et ça accroche bien la plupart du temps.

Je prends mes repères, j'ai l'habitude de ces sentiers dans la forêt, au milieu des sapins et épicéas. Je m'assure de ne pas forcer. Je suis parti un peu trop couvert,  mais rien de bien méchant. Encore deux petites montées, une descente, puis on arrive à un village, des graniteries, des usines, c'est bien le Syndicat, où j'ai habité dans mes toutes premières années. La sensation de courir chez moi va me porter tout du long. Contrairement à la vallée des lacs, les vallées de la Moselle et de la Moselotte sont celles de ma jeunesse!

J'arrive, je suis content de moi. La fatigue est là, mais ne me bloque pas. 2h55, un peu en avance sur ma prévision basse, je préfère bien m’arrêter, manger ranger ma veste tranquillement, régler mes chaussures. Je repars à 3h pile, top, le prochain inter est tout bientôt.

Vers le Haut du Tôt

 9 petits kilomètres, une seule montée principale, chronométrée, mais je la fais vraiment molo. Je suis sur mon estimation basse, donc pas de soucis. C'est sympa de voir des chronométreurs au sommet tout de même, en pleine nuit tout ce qui peut aider à rester éveillé est bon à prendre. Il reste une partie plutôt plate, et on arrive pour la première fois un petit peu en altitude. Frisquet mais moins que prévu. Je n'ai vraiment pas forcé, il est 4h50. Plutôt lent, mais j'ai  récupéré sur cette portion. Direction Presles, j'ai hâte que le soleil se lève.

Ancienne Ecole de Presles

Ça fait toujours du bien le retour de la lumière. On a moins besoin de la frontale, à part pour faire réfléchir les petits fanions qui ne manquent pas de jalonner le chemin. Honnêtement, il y en a partout! c'est super rassurant.
C'est encore un inter avec plus de D+ que de D-, mais c'est assez roulant. Ca correspond bien à ce que j'aime faire. On arrive effectivement dans une ancienne école. Mais surtout, il y a des viennoiseries! Bon, tant pis pour le classement, ça vaut le coup de bien s’arrêter. D'autant plus qu'après il y a un bon inter jusqu'à Frère Joseph.

Première Base de Vie: Frère joseph

La frontale est maintenant bien rangée, l'estomac est bien plein, y'a plus qu'à. On vient de faire le marathon, certes loin d'être rapide, mais tout de même avec une bonne accumulation de dénivelé à force de petites bosses. Je pars tranquillement, et cours bien jusque Cornimont. Je connais bien la montée de Frère Joseph, mais par la route! Cette fois-ci on passe par la forêt. Je me rappelle bien du profil, et gère mon effort. Dans ma tête, la course n'a pas commencée, elle commencera dans la montée du Markstein. J'arrive donc plutôt frais, mais hors de question de se précipiter. Maman m'attends en plus, je vais donc pouvoir me changer, et refaire les réserves. Je me laisse tenter par un petit massage surtout pour faire tomber la pression et la fatigue, les jambes vont bien. Le Bénévole est en plus très sympa, donc c'est un moment agréable, coupé de la course. Je m'enfile plusieurs soupes, du chocolat, des tucs... Enfin tout ce qu'il faut, et c'est reparti. Tout frais, juste un peu fatigué d'une nuit un peu courte.

Le Markstein

Ça y est, le rythme de chacun est posé. Ça va nous permettre dans les montées et moments calmes de faire connaissance avec les autres coureurs. La descente se passe sans encombre, le col d'Oderen, puis descente vers Kruth. On commence la montée vers le Markstein, et ça commence plus raide que ce que j'imaginais. C'est toutefois raisonnable, et plus c'est raide, plus le D+ passe vite, et plus on pourra relancer vite! Enfin ça c'est le plan. Après 500m de dénivelé, j'ai un peu moins envie de relancer. On approche de la chaume, et le vent commence à souffler sérieusement! Le froid est vif, et la grisaille n'aide pas le thermomètre à monter.
Puis le replat. On a beau le savoir sur le profil, les arrivées de ravitaillement en replat paraissent toujours longues... Mais on relance bien dans le avec notre petit groupe et on y arrive. Le temps de se poser un peu, reprendre ses esprits et se ravitailler, et hop, on va enchaîner avec le Grand Ballon. Ce que je ne savais pas, c'est que j'ai raté ma marraine, qui n'a pu arriver qu'un peu plus tard. Il est près de 14 heures quand je repars. Pile au milieu de mes prévisions.

Le Grand Ballon

 14 heures qu'on est sur la route. Le groupe dans lequel je suis est bien sympa, et courir entouré fait du bien. La descente se passe sans encombre, et on va pouvoir s'attaquer au Grand Ballon. La première partie est marquée par un replat. On peut relancer, mais on ne s'attarde pas trop à découvert et on rentre de nouveau dans la forêt. Il reste 400m de dénivelé, et je commence à me dire que ça va être épique en haut. Arrivé à la chaume je ne suis pas déçu! Ça souffle! Mais au moins c'est sec. En plus Marraine m'attends au pied de la montée vers le radar. Elle me laisse monter seul, et quelle montée! Le vent traverse toutes mes couches de vêtement, et les fait sécher en l'espace d'une vingtaine de minute! Le ciel se découvre un peu, mais pas le temps de s'attarder, vite le ravito, l'abri, et la couverture prévue par les bénévoles. Une soupe pour faire remonter la température, et pas trop le temps de parler, ce sera plus calme dans la vallée.
Il est près de 17 heures, et j'ai passé les heures les plus chaudes en altitude. Je n'ai pas beaucoup lâché les habits longs!

Saint Amarin

8 kilomètres de descente, alors ça c'est l'inter que l'on attendait tous. En plus très vite on est rassuré, elle n'est pas trop raide. Je décide de la faire bien comme il faut. Je commence quand même à m'inquiéter un peu, les montées m'ont fait quelques ampoules à l'arrière du pied, dont une grosse. Enlever mes chaussures est hors de question à ce point, de peur que les ampoules en profitent pour se faire la malle. C'est peut-être bête comme raisonnement, mais bien comprimé dans la chaussure, elles font moins mal qu'à l'air libre souvent. Là, je heurte un caillou sur la plus grosse. Je la sens se déchirer. Heureusement, ce n'est pas douloureux, certainement grâce au froid et aux endorphines.  J'espère que ce n'est pas encore profond.
A Saint Amarin, je profite bien du ravitaillement et du bon accueil, on papote pas mal entre coureurs, avec les bénévoles et avec Marraine. Le prochain inter a toujours été celui qui m'inquiétait le plus. La nuit qui tombe, un terrain irrégulier, une arrivée vers Rouge Gazon loin d'être plate. Il y a trois coups de cul avant de tomber sur la station, j'ai bien analysé tout ça. Bref, je prends des forces, et repars avec tout le sérieux qu'il se doit. Il est presque 18h30.

Vers Rouge Gazon

Comme il est de coutume quand on part du fond de la vallée, ça monte. J'essaie de ménager mon ampoule, et compense donc avec l'autre jambe. Ça commence à tirer derrière le genou du coup. Mais ça va le faire, c'est normal d'être un peu moins souple après 20 heures de course. Puis la montée commence à s'adoucir. Comme prévu. Ce qui était moins prévue c'est que je m'éclate. J'avance bien, en courant. La nuit tombe et je sors la frontale en avançant. Ca va me faire perdre moins de temps. Comme je me sens bien, j'ai quelque peu lâché mon petit groupe. Les oiseaux se disent bonne nuit, et les bruits sont marrants. J'imagine que je suis tombé dans un groupe de grand tétras, les derniers des Vosges. C'étaient plus probablement des corbeaux, mais les ombres et la fatigue font vite fantasmer.
Je veux jeter un coup d'oeuil sur mon profil mais il est tombé! Ça devait être quand j'ai sorti la frontale. Quel con! Pour gagner 30 secondes... J'entends au loin un camarade qui appelle, je discernes vaguement "Paul", j'essaie de brailler une réponse, mais l'échange s'arrête là. J'espère que c'est pour mon profil.
Pas le temps de trop y penser, ça y est, les coups de cul avant la base de vie arrivent. Un. Deux. On croise un coureur qui s’entraîne là, base de vie à 500 mètres. Je n'y crois pas, donc le fait savoir à mon compagnon. Il reste une montée! On échange sur le fait que nous ne sommes pas les seuls courageux, et qu'il a bien du courage aussi. Puis un suiveur nous annonce 200 mètres avant le ravitaillement. Et en effet, j'avais en tête une montée de trop. Est-ce que j'ai réussi à trop me convaincre? En tous cas, la vue de la base de vie fait un bien fou! Et il ne pleut toujours pas.

J'arrive vers 21h15. Je suis censé retrouver mes suiveuses, mais je ne les vois pas. Elles ne viendront qu'une fois leur repas terminé, à l'auberge, elles ont bien raison ;) J'avais de toute manière un sac de secours, donc j'ai le nécessaire.
Autre bonne surprise, un concurrent, pour la deuxième fois, me ramène mon profil. Je me sens mieux, et il faut prendre un décision: bourrer vers le Drumont et risquer le gros manque de sommeil et le froid, ou prendre le temps. La décision n'arrive pas, il y a un peu de monde et je suis un peu désorienté. Le temps passe, puis elle arrive. Je vais aller me faire soigner puis dormir. Je vais voir le docteur pour me faire un pansement sur ma grosse ampoule. Et puis je me ferais masser aussi. Et puis j'irais dormir, il faut que je finisse, ne pas prendre de risque, je prends le temps.
J'enlève mes chaussures, et après 22 heures de course, ça sent pas la rose! Je vois un beau lambeau de peau, mais pas de sang ni de chair. Ce n'est pas encore à vif, ouf! Le nettoyage au savon pique quand même un peu, mais le pansement mastoc fait un bien fou. Bien comprimée et nettoyée, l'ampoule me gêne déjà moins. Le petit massage me fait du bien aux mollets. Dodo maintenant, ça fait 1h30 que je suis arrivé. L'objectif est de partir sous la pluie pour ne pas se faire surprendre et être équipé dès le départ. Donc deux heures de sommeil me paraissent bien. Je laisse repartir mes suiveuses qui m'ont bien soutenues dans ce manque de lucidité, puis dodo. Repos très perturbé, des micro coupures. Mais l'heure de repartir arrive vite. 12h40 me revoilà sur la route, après avoir mangé un petit déjeuner, et des cacahuètes. La pluie n'est pas encore arrivée, pourvu que ça tienne.


Le Drumont

Une fois le Drumont passé, c'en sera fini des longues montées. Comme je le craignais avant le départ, je fais le Drumont au plus froid de la course. La montée est plutôt régulière, et bien reposé, je n'ai pas de problème à avancer. Dans la montée je rattrape un coureur, qui s'avérera être Jean. Il est crevé et je le prends avec plaisir sur mon porte bagage. Ça me fait du bien de parler aussi. Il y a peu je m’entraînais comme lui dans le Nord! La montée passe plus vite à deux. Avant la fin, on rattrape un autre coureur, il prendra sa roue.
L'arrivée sur la chaume ne fait pas du bien. La pluie est arrivée et le vent n'a pas faibli! La pluie fine (grésil?) claque sur la peau.
Mais quelle efficacité des ravitailleurs quand on arrive! Ils n'ont qu'un abris de bâches sous une avancée en tôles. Ca coupe un peu le vent, mais c'est loin d'être suffisant. Donc dès qu'un coureur arrive, ils dégainent la couverture, pas le temps d'avoir froid! Ils enroulent les coureurs qui veulent un peu fermer les yeux. Pour ma part, c'est soupe et go!


Le Retour à l'Ermitage

Je suis parti du Drumont encore en jambe, mais ça commence à sacrément tirer sur les cuisses en descente. Je sers les dents, et essaie de me relaxer au maximum. Le balisage a été un peu arraché par endroit, je remets un bout que je trouve par terre en hauteur. Mais rien de grave, je ne me perds pas. Dans la nuit, on s'amuse des formes, et on cherche toujours un repère à la frontale.
Les sentiers sont bons, j'avance bien. Ce sont des sentiers que j'avais déjà pris plus jeune, mais dans la nuit on ne s'en rend pas compte. On prend une piste verte vers la station. Quel bonheur d'y arriver! On va laisser les hautes Vosges derrière nous.

J'ai la chance d'arriver dans les même temps que la première féminine. Sa fraicheur m'épate complètement! Moi je vais faire massage et dodo, faut pas rigoler! Je retrouve ma suiveuse de choc, je me ravitaille. Le massage est violent, mes cuisses sont bien dures. La kiné forme la docteur sur mes jambes, apparemment elles se décontractent vite! Je dors une heure dans la chambre réservée pour l'occasion, je me réveille de moi même, c'est bon signe. J'ai une furieuse envie d'en découdre maintenant.

Pré Choffé

Et hop, on grimpe la piste noire! C'est un bon test pour mes cuisses neuves :) Je gère, pas la peine de trop pousser. Grâce à mon profil retrouvé, je sais ce qui m'attends. J'y arrive sans trop de difficulté, et avec bonheur je vois qu'ils nous ont préparé un petit hors piste pour arriver au ravitaillement. J'aime bien ces changements, ça réveille!

Et là, de nouveau des viennoiseries. Des ficelles au lard. Et Marraine! A ma surprise, elle est revenue plus tôt que ce que j'imaginais! 11 heures du matin, la journée s'annonce maussade, mais le moral est bon.


Reherrey - Les Tronches

Après 35 heures de route, un train train s'installe. Je me ravitaille bien en route et préserve mes jambes au maximum.  Je ne m’affole plus, je suis dans mes temps, parfait. Je veux arriver. En plus, malgré mon rythme lent, je ne m'ennuie pas.

Par contre j'arrive à Réherrey, et une horde de coureurs arrive! Mais d'où ils sortent??? J'ai raté un truc? Ha non, c'est le 60, ça va. Ils vont bien m'aider pour la motivation au final. Au ravitaillement, je rencontre le créateur du parcours. Il m'explique la prochaine étape, et me motive en me mentant un petit peu, je n'étais pas vraiment 15ème à ce point, mais ça c'est le cadet de mes soucis. Bien motivé me voilà parti à l'assaut des deux dernières vraies côtes pour retrouver les Tronches, la dernière base de vie. En montant, je vois la voiture de mes suiveuses se garer! Ha, ratées de peu.

La pluie se calme petit à petit, et le trajet vers les tronches est agréable et roulant. La première montée un peu irrégulière me donne faim, et je pioche allégrement dans mes fruits secs.

J'arrive à la base de vie dans les temps. C'est bon, je ne passerais pas une nuit complète dehors! De nouveau un massage, de nouveau des soupes, et des nounours. C'est important les nounours! Je ne veux pas m'éterniser, le froid tombe, il est presque 18heures. Je ne me rends vraiment pas compte que ça fait 42 heures que je suis parti.

Le Peutet - Arrivée!

Je pars des Tronches tout à fait bien. C'est très roulant, et les concurrents du 60 km permettent de déconnecter un peu, parler. C'est amusant quand ils se rendent compte que je suis un coureur du 200. La motivation est là, et j'arrive de nouveau avant mes suiveuses au Peutet. Aucune difficulté.Là je prends une banane et un peu d'eau, le suivant est l'arrivée! Quelle effervescence. Il est 19h40, il faut ressortir la frontale.

C'est toujours comme ça l'arrivée. Il reste pas grand chose et on prend moins soin de soi. Je commence à avoir faim. La partie sur bitume et en bord d'autoroute me plombe le moral. Plus trop envi de relancer, c'est bon c'est fini. Non, il faut y aller, c'est dommage de perdre du temps là!

On arrive enfin au col de Raon. Col que j'ai fait des dizaines de fois plus jeune à vélo. Mais on n'est pas encore sorti de l'auberge. Je marche dans cette montée avec un 60 bien sympa, qui m'accompagne sans défaut. Merci Frédéric! Malgré le fait qu'il se trompe un peu sur la position exacte de la descente finale, ça fait un bien fou. Surtout que la pluie se met à tomber sévèrement. Et bien sur, comme c'est bientôt l'arrivée, je ne mets pas mon imper tout de suite. Et j'ai froid. Vient la descente finale, qui débute sur les fesses pour les coureurs devant moi! Je n'ai pas de problème, et glisse un peu en mode ski. On arrive à Longuet, extraordinaire. Le stade arrive rapidement, on commence à entendre sérieusement le speaker. Dernier plat, ma foulée est lourde, j'ai froid, j'ai faim mais je l'ai fait!

Mes suiveuses de choc m'attendent, et quel bonheur! Rapidement par contre, l'hypothermie me rattrape et il est temps de rentrer. Chauffage à fond dans la voiture, de la boue partout... Il est 23h09, 47h05. Oufti! Je l'ai fait, et merci à tous de me supporter!


 Conclusion

C'est dur de finir un ultra! Aucun regret tout au long de cette course. Quel apprentissage c'est, sur soi, son corps, sa fatigue... Il y a encore beaucoup de travail, mais la saison prochaine s'annonce cool, décontractée avec cet objectif passé. Mais tout de même intense.
Quel bonheur aussi de courir sur les terres de son enfance. en plus entouré de la sorte.
Le retour à la vie normale est sympa aussi. un peu moins envie de courir mais ça reviendra! Prochaine course en janvier, je me refais les marcassins.

Deux semaines après j'ai toujours des moments où j'ai super faim! Il faut aussi se refaire les réserves, l'hiver approche.