dimanche 22 mai 2016

Réflexions Mécaniques

Il faut courir pour avancer et non pas courir pour courir. Cette phrase, j'y pense beaucoup. Que ce soit dans les moments vraiment durs dans lesquels il est impossible de courir, ou dans les moments durs, dans lesquels courir fait mieux avancer. Mais au delà de la partie psychologique, il faut aussi y penser lorsque l'on travaille sa technique!

L'importance du centre de gravité (aussi appelé nombril)

 

Le but de toute course est de parcourir la distance horizontale le plus vite possible. Le centre de gravité, ou centre de masse, est important justement dans les cas de translation. C'est à dire quand l'on cherche avancer tout un corps. Il y a deux raisons principales à cela:
  1. On ne fait pas bouger le centre de gravité sans réaction sur un support (voir la vidéo ci-dessous)

    (Bien sur, il finit par s'en sortir avec des mouvements d'air, mais il aurait aussi pu jeter sa chemise ou son pantalon ;) )
  2. Comme on peut aussi le voir, toute action qui n'est pas directement sur le centre de gravité, crée une force de rotation (mouvements des bras, des jambes etc...)
De ces deux grands principes, on peut tirer des conclusions importantes pour la course:
La première est que chaque mouvement des membres devra être compensés par le "core" pour toujours garder le même cap. Cela veut aussi dire que chaque écart sur les appuis par rapport au centre de gravité devra lui aussi être compensé pour aller tout droit.

La seconde est plus un corolaire. Si il faut éviter les mouvements parasites qui pourraient modifier l'avancée horizontale (et dans la bonne direction) du centre de gravité, il faut encore plus éviter de le faire bouger dans des directions parasites!

De l'efficacité du vélo

 

Mais pourquoi avance-t-on si vite à vélo? Pourquoi est-ce qu'un coureur bien entrainé pourra sprinter à 50 voire 60 km/h, rouler à 30 km/h sur le plat à vélo, mais ne pourra sprinter qu'à 20-30km/h à pied et tenir une cadence de 12 à 15km/h?
La raison principale c'est que le vélo nous aide énormément à éliminer tous les mouvements parasites du centre de gravité. La rigidité du vélo nous aide par deux aspects:
  1. Le centre de gravité est toujours à la même hauteur et ne varie pas.
    En effet, tout changement de hauteur du centre de gravité engendre un travail. Vers le bas, c'est évidemment un "cadeau" de la gravité, mais vers le haut, il faut se battre contre elle.
  2. L'énergie des mouvements excentrés est transférée au pédalier. Pas besoin de se focaliser sur un point d'attaque sous le centre de gravité, la force est transmise grâce à l'axe. Et les bras de leviers rigides entre le guidon et les pédales fait que la compensation de ce qui reste est facilitée (au moins jusqu'à un certain point)
 La course, par son mouvement en deux étapes principales (contact et en l'air), nous obligent à faire monter et descendre le centre de gravité en permanence. En plus, pas de gros axe de pédalier pour s'assurer que les mouvements excentrés soient transmis avec un maximum d'efficacité. Tout doit passer par les muscles du corps.

Comprendre les recommandations classiques

 

Le but de ces exemples est de comprendre le pourquoi des recommandations classiques pour courir vite et longtemps: une fréquence élevée, peu de mouvement du bassin et des épaules, et une attaque le plus possible en dessous du centre de gravité.
  1. Fréquence élevée
    Plus on reste longtemps en l'air, plus la gravité nous fera descendre. En plus, là où la physique est méchante, c'est que la gravité nous fait accélérer, donc la distance parcourue augmente avec le carré du temps. En gros, ça donne ce type de courbe:
    Mais l'énergie que l'on doit dépenser pour remonter de la chute, elle ne dépend que de la hauteur! Donc avoir une cadence plus élevée nous créera moins de D+ à notre niveau, pas seulement pour chaque foulée, mais aussi par durée de sortie.
    Et bien sûr, l'impact de la gravité influe directement sur la position du centre de gravité, quelles que soient les gesticulations autour!
  2. Peu de mouvements du bassin et des épaules
    On peut aussi appeler ce conseil "rester bien en ligne". Ces mouvements sont normaux lorsque l'on est en contact avec le sol. On pousse un peu avec l'épaule opposée, cela compense le fait que le pied n'est pas exactement dans l'axe d'avancement. Mais il faut à tout pris éviter de trop en faire, et synchroniser au plus la force que l'on met dans ces mouvements avec la poussée.
  3. Attaquer en dessous du centre de gravité
    Rien ne sert de chercher loin devant. Pensez à une chose simple: la différence de temps que l'on peut rester en "faisant la chaise", et en attendant bien droit dans une file d'attente... L'effort n'est pas comparable.

Conclusion

Ce sont toujours des éléments auxquels je pense quand il s'agit de franchir un obstacle ou essayer une autre technique pour s'améliorer. Alors c'est une première approche, elle doit bien sûr être couplée avec ses sensations et douleurs. Mais revenir à la base de la physique permet souvent d'éviter de s'entrainer trop longtemps dans la mauvaise direction, ou d'appliquer trop strictement des techniques sans pouvoir mesurer en quoi elles améliorent le mouvement (4 poses par exemple).

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